J’ai regardé le discours d’Eric Zemour dimanche.
Alors, sur la forme, exercice réussi ou pas ? Je reste dubitative.
Il y a bien des éléments qui en imposent et confèrent à lui donner une stature de présidentiable :
✔Le lieu avec le choix du Trocadéro, lourd de symboles et qui illustre son propos, lui qui se veut être le rassembleur de la droite.
✔Le décor, avec cette estrade bleue en forme pyramidale qui répondait (chance !) au magnifique ciel bleu parisien. La marée de drapeaux et le public en nombre font le reste.
Bref, ça en jette, démonstration de force et de crédibilité réussie.
Sur le reste :
📌La gestuelle : Être au pupitre le sert, Eric Zemour pose ses mains dessus et se tient légèrement vers l’avant : position qui témoigne d’un certain engagement. Il ne s’y agrippe pas et appuie ses propos par des gestes discrets mais présents, des gestes qui martèlent. Mais, cela reste assez (trop ?) discret.
📌L’auditoire : Eric Zemour sait s’interrompre pour reprendre la Marseillaise avec le public, son regard balaie l’assemblée, il y a des sourires. Il est plutôt bon, laissant les applaudissements se faire et sachant reprendre quand il faut.
📌La voix est claire, le ton reste assez modéré et linéaire. Mais où sont l’enthousiasme, l’indignation ?
En résumé, cela manque d’élan, de force. Il y a peu d’emphase dans le non-verbal (le corps) et le para-verbal (la voix).
Sauf à la fin. Les 5 dernières minutes, Eric Zemour monte enfin en puissance, la voix se fait plus forte, les bras s’élèvent.
On y est ! Voilà la ferveur pour la conclusion de son intervention. Une conclusion dite vers le haut qui mobilise et appelle à l’action.
Mais l’impression globale reste monotone pour un meeting de cette envergure à 15 jours de l’échéance. On assiste davantage à la démonstration d’un professeur ou …d’un journaliste. C’était peut-être le but (en mode : je ne suis pas comme les autres).
Le discours était bien écrit avec :
🎯 force interrogations, interpelant souvent l’auditoire notamment sur ce qu’il veut ou ne veut pas pour son avenir.
🎯 de nombreuses anaphores (Vous savez la répétition d’un mot ou groupe de mots en début de phrase). Commençant des séries de phrases par : « Ma France, c’est … », « L’assimilation, c’est … ».
🎯 L’orateur instaure la confiance par sa crédibilité tirée de ses origines familiales et de son parcours qui n’a rien de celui d’un politicien classique. Comprendre : il parle de ce qu’il connaît et dit la vérité.
🎯Il convoque l’amour de la France, l’illustre avec des exemples issus du patrimoine culturel (Brel, Victor Hugo …).
🎯Et bien sûr quelques punchlines: « Je suis le candidat qui a le souci de la fin du mois et de la fin de la France ».
Jouer avec les mots, c’est le secret des formules qui marquent.